Origine et histoire de la Collégiale Saint-Didier
La collégiale Saint‑Didier, située à Avignon dans le Vaucluse, est une ancienne collégiale gothique édifiée au milieu du XIVe siècle. Elle est classée au titre des monuments historiques le 27 juillet 1983. L'édifice occupe l'emplacement d'une ancienne église que la tradition hagiographique attribue au VIIe siècle et à Agricol d'Avignon comme fondateur, mais le premier document la mentionnant date de 1008, lorsque l'évêque Rostaing d'Avignon fit donation de Saint‑Didier et de sa manse à l'abbaye de Montmajour. La construction de la nouvelle église résulte de la présence des papes à Avignon. Le cardinal Bertrand de Deaux, dans son testament, imposa à ses héritiers de faire bâtir une église; cette clause fut approuvée par Innocent VI le 22 novembre 1355. Le contrat de réalisation, signé le 4 mai 1356, unit quatre lapicides — Jean Postier de Salon‑de‑Provence, Guillaume Ébrard de Saint‑Maximin, Guilhem Payslotros (qui se désista peu après) et Jaume Laugier, dont le père signe en raison de sa jeunesse — qui formèrent une société pour partager profits et risques. Ils furent placés sous la direction du maître maçon Jaume Alasaud, originaire d'Avignon. Alasaud avait déjà travaillé à l'abside de la chapelle Notre‑Dame‑des‑Miracles à partir de 1326, contribué à la collégiale de Villeneuve‑lès‑Avignon en 1333, élevé la tour de Trouillas au Palais des Papes en 1339 et supervisé l'élévation des murailles du cloître du Palais‑Vieux en 1340; il est attesté comme actif jusqu'en 1366. L'église fut construite en trois ans et quatre mois et consacrée le 20 septembre 1359. Dans son état actuel, elle est considérée comme l'exemple le plus caractéristique du gothique avignonnais. La collégiale conserve un mobilier d'intérêt : deux tableaux de Simon de Châlons, La Flagellation et La Descente du Saint‑Esprit. On y trouve également un bas‑relief, le Portement de Croix, commandé en 1478 par le roi René à Francesco Laurana; placé dans la première chapelle de droite, il était destiné à orner le maître‑autel de l'église des Célestins d'Avignon et figure parmi les premières œuvres de style Renaissance présentes en France.